Le piaf qu'on attendait plus...

Le pigeon volait au dessus du domaine, épuisé sans doute - c'est pas humain d'envoyer un volatile pour faire un tel trajet, quel monstre est capable de telle chose, je vous le demande -, bref, battant difficilement des ailes pour ne pas s'écraser lamentablement, il perd volontairement de l'altitude. A l'approche des grilles, il plonge en piqué sur la brune qui se trouve justement tout près - une chance quand même^^, bien qu'on se demande toujours comment font les ramiers pour trouver leurs destinataires mais bon - et se pose non loin.

A sa patte, une bague...et bien sur, un message:

Citation :

Ma douce sœur,

J’imagine assez bien ton impatience quant à ce courrier, j’imagine assez bien ton attente quant à ce courrier, mais surtout j’imagine très bien ta surprise quand tu auras lu ce courrier !

Oui, tu comprends parfaitement…cette missive vient t’annoncer ma prochaine visite ; à l’heure où tu l’auras entre les mains, je serais déjà sur les chemins du royaume afin de te rejoindre. La funeste nouvelle m’est arrivée et je me refuse à te laisser seule.

Comme tu le sais mieux que moi sans doute, il n’est pas aisé de voyager dans certains comtés ; et bien entendu, je dois traverser ceux-ci… mais n’ais crainte, tu connais mon entêtement dans certaines situations. Je n’ai pas laissé mon époux pour abandonner en cours de route.
Oh, j’oubliais un détail…j’arrive sans Yanis, à mon grand regret tu t’en doutes, mais accompagnée d’amis et j’ose espérer que tu logeras mon groupe dans son intégralité. De plus, préviens notre oncle de mon passage, j’aimerais m’entretenir avec lui de quelques petites choses dont j’ai eu vent par hasard.

Sur ce, je range ma plume et bague mon piaf…qu’il te trouve en pleine santé malgré les événements. Prends soin de toi et de mon neveu.
Je t’embrasse avec tendresse,

Cyr’

Et paf ! Un piaf qui lui tombe sur la tête, avec en plus l'impression désagréable de le faire volontairement ...
Il a interêt d'avoir une sacré bonne raison s'il n'est pas suicidaire, ou il finira dans la marmitte.

La raison est là, accroché à la bague de sa patte ... Cyr' qui lui annonce sa visite prochaine.

Aucune autre raison n'aurait pu excuser le kamikaze mieux que celle là.

Un grand sourire, quelques graines en remerciement et après un passage par son bureau pour griffoner quelques mots dans une réponse impatiente, elle le libère à nouveau.

Citation :

Ma chère sœur,


Oh oui comme tu as raison de parler d’impatience. Impatience à te lire et plus encore maintenant, impatience à te retrouver, à t’accueillir chez moi et à ne plus t’en laisser repartir !

Il est évident que je vous loge, tes amis et toi, il ne manquerait plus que je manque à mes devoirs d’hospitalité !

Je me réjouis comme tu t’en doute de ta visite prochaine, même si évidement, j’aurai aimé d’autres circonstances pour cela.

Te savoir près de moi pour cette épreuve que je traverse est un grand réconfort, merci à toi ma Cyr’.

Tu fais attention à toi, car oui je les connais que trop bien les dangers des routes, d’autant plus si mon beau-frère n’est pas à tes cotés pour te protéger, tu sais que je m’inquiète.

J’espère que mon piaf te trouvera bien sur la route, ou que tu sois.

A très vite maintenant, je me mets à compter les jours avant de te serrer dans mes bras.

Ally

Tu la trouves ou tu termines en brochette toi !

L'avertissement est clair ...

Quelques mois plus tard... Un ramier plane au dessus du domaine, dessinant des larges cercles dans le ciel, comme s'il cherchait sa destination et pourtant ; le piaf en connait un rayon, et sur l'endroit, et sur la famille, et sur la destinataire... il sait, par exemple, qu'il ne survivra pas à la perte de la missive, mais il sait aussi, qu'il sera grassement récompensé quand il l'aura livrée et doublement s'il repart chargé d'un autre vélin. Bref, ce n'est pas un pigeon de seconde zone qui plonge en piqué sur la maitresse des lieux, mais bien une bête de concours!!

Hum... champion pour le moins fatigué sans doute puisqu'il appréhende mal la distance et...PLAFFF! écrasement facial de la brune qui bouffe ses plumes en beuglant ; battements d'ailes paniqués pour lui désigner le message et échapper à la broche:

Citation :

Ma chère sœur,

Voilà bien longtemps que je n’ai pris la plume, arpentant le royaume pour finalement m’enfermer dans les livres ; en cette belle journée, il me semble sage d’y remédier et de quitter, ne serait-ce qu’un instant, la lassitude qui m’habite.
Je profite donc d’une promenade en forêt, où les enfants évacuent leur énergie débordante à gorges déployées ; sans doute s’ennuient-ils autant que moi dans cette triste ville et la certitude de ne jamais m’installer en Franche Comté n’est plus à démontrer.

Peut-être seras-tu surprise de me savoir à Vesoul… je le suis moi-même pour tout te dire, comment en suis-je arrivée là ? Une folie, un projet, un repli dont l’issue m’amena à séjourner en Lorraine. Epinal s’avérait être calme et les quelques habitants rencontrés plutôt sympathiques et discrets ; quoique pour subir les interrogations des curieux, encore faut-il mettre le nez dehors, ce que je ne fais plus depuis…Pfff, je ne m’en souviens même pas !
Bref, l’impatience de tes neveux ajoutée à ma prochaine retraite m’ont fait reprendre la route ; voyage de courte durée en vérité, et je crains de ne pas atteindre mon comté. Affaiblie et fatiguée, je pense entrer au couvent prochainement et les lieues me séparant de l’Artois bien trop nombreuses… ah oui, j’ignore comment, mais j’en oublie de me nourrir. Sois sans crainte néanmoins, je palis aux carences depuis peu ; la chipie d’Illyana ne me laissant guère le choix.

Hormis ce détail, nous allons bien et j’espère rejoindre Bertincourt avant l’automne ; peut-être même retrouver une activité dans laquelle je pourrais m’épanouir ou du moins être utile à la communauté… je ne saurais le dire, l’avenir en décidera. Quant à Yanis, j’avoue que les nouvelles sont rares pour ne pas dire inexistantes et j’aime à penser qu’il va bien et que la distance devient trop importante pour les ramiers ; je tacherais d’acquérir un rapace lors de mon retour, il est dit qu’ils sont plus résistants et plus rapides.

Mais toi, tendre Ally… comment vas-tu ? Que devient mon neveu ? Racontes-moi… J’attends ton courrier non sans impatience ; n’engraisse pas mon pigeon, qu’il puisse me revenir chargé de ta lettre…

Je vous embrasse, Toine’ et toi avec toute ma tendresse,

Cyr’

Pour une fois qu’elle était là, tranquille chez elle, loin bien loin de tous ces … - autocensure ou pas ? non, après tout, c’est bien chez elle ici, non ?!? – loin donc de tous ces imbéciles, incapables ou autres bon à pas grand-chose pour ne pas dire bon à rien, pour une fois donc, il a fallu qu'on vienne la déranger dans son havre de paix.

Oui, elle était bien Ally. Au calme, à regarder la nature s’épanouir, les p’tites fleurs sortir, les abeilles butiner et les oiseaux gazouiller. Beau tableau champêtre n’est-ce pas ?

Mhmm … Oui ben quand même, c’est trop calme ! Et oui, où est-il dit qu’elle doit être toujours cohérente la brune … Le calme ça va, mais les piafs commencent sérieusement à lui taper sur les nerfs avec leur gaité si effrontément affichée aux oreilles de tout le monde … et surtout en cet instant précis, aux siennes.

Elle relève la tête, porte la main devant ses yeux pour se protéger du soleil et cherche la planque d’où provient le bruit incessant.

La poisse … C’est pile ce moment que choisi le suicidaire pour rater l’atterrissage comme il a du l’apprendre dans son jeune temps. L’animal, gras, dodu, prêt pour la marmite en somme, vient plutôt de faire un Allyssage ! En pleine tronche qu’elle se le mange la brune.

Crachant les plumes tout autant qu’elle peut, elle le rattrape et d’un coup sec lui arrache presque la patte en décrochant la missive. Il avait plus qu’intérêt à ce que les nouvelles soient ET bonnes ET importantes, sans quoi son espérance de vie déjà bien courte s’en verra réduite encore plus …. Ben quoi il lui faut bien un défouloir aussi à la Prévôt quelques fois … Qui a dit qu'elle était douce ?!

Premier mot et le sourire lui revient … Cyr’ ! Enfin …

Plongée dans sa lecture, elle se relève et va s’installer le dos à son arbre préféré, avant de prendre de quoi lui répondre.

Citation :

Ma chère Cyr’

Mélange de sentiment à te lire. La joie d’avoir, enfin, de tes nouvelles. La honte de me rendre compte que je n’en ai guère pris moi-même depuis … trop longtemps. La tristesse de ne pas te sentir heureuse comme tu le devrais, comme tu le mérites, comme il serait tout simplement évident que tu le sois…

Vous vous trouvez, mes neveux et toi, sur les routes depuis si longtemps, que j’en arrive à me dire que nul autre endroit que « chez toi » ne saura remplir à tes yeux les conditions idéales à ton bien être. Il en serait ainsi pour moi en tout cas. J’ai beau quelques fois … oui bon souvent, râler contre les Trémouillois, plus encore contre les Poitevins voisins, je ne m’imagine pas partir pour un « ailleurs » inconnu tant qu’incertain.

Ma vie ici est ce qu’elle est, remplie certains jours de tant de rire que j’en pleure encore en rentrant le soir me coucher. Vide aussi, les jours où certaines absences se font plus dures à supporter.
C’est pour ça, et tu vas encore me penser folle, ce que je suis certainement dans un sens, que je suis une nouvelle fois, dans le siège, le bureau et avec la charge que cela implique, dans la peau du Prévôt.
Oui je sais … Je l’avais pourtant dit et répété que l’on ne m’y reprendrait plus … Comme quoi je ne dois pas être si imbécile que l’on veut bien le croire puisque je change d’avis.

Je t’épargne donc les humeurs que je peux avoir, tu sais toi, l’effet qu’a sur moi le fait d’être au Conseil … Quoi que, cette fois, je prends les choses différemment, avec peut-être plus de recul que les fois précédentes. Une preuve que la maturité commence son œuvre sur moi tu crois ?!

Au milieu de tout ça, ton neveux pousse et grandit de jour en jour. Le voilà maintenant prêt à entamer une carrière de fier supporter de sa mère pour les matchs de Soule.

Oui puisque … Je suis une nouvelle fois dans l’équipe qui défendra les couleurs du Poitou au GFC. Prie pour moi ma chère sœur, pour que j’en revienne entière et indemne cette fois, vu que je suis inscrite pour ... le lancé de haches !

Tu le sais ma si douce Cyr’, si d’aventure Bertincourt, ou n’importe quelle autre destination ne te convenait pas, ma porte ici à Maillezais t’est ouverte.

Prends-soin de toi ma douce et ne gronde pas trop mes merveilles s’ils venaient à faire tourner les nones en bourriques. Je crois qu’ils tiennent plus de moi que de leur mère pour la sagesse et la patience…

Toine se joint à moi pour vous envoyer plein de baisers.

Ally.


P.S. : Ne sois surtout pas étonnée de ne pas reconnaitre ton volatile… Il a eu comme qui dirait un … Accident.

Hop, direction le pigeonnier et la sélection est vite faite, il lui faut là le meilleur dont elle dispose. La mission est de haute importance, trouver Cyr’, enfin … Trouver Vesoul déjà …
Et surtout délivrer son message avant qu'elle ne passe la porte du couvent…