C'est pas le jour... Etonnant....

Céder à la pression.... Elle s’était pourtant promis de ne pas le faire. De ne plus jamais le faire.
Comparer ce qui ne l’est pas, n’est certes pas flatteur pour le tout nouveau Comte du Poitou. Il n’a rien de la gourde pour laquelle on l’a, par le passé déjà, obligé à laisser la place.

Est-ce mieux cette fois ? De savoir que c’est pour Xavix. Quelque part oui, si tant est que le Poitou trouve encore un certain intérêt auprès de la brune, avec lui il est entre de bonnes mains.
Quelque part non, puisque aux yeux de tous, mais avant tout des siens, c’est bien elle et non un programme qui est écarté.

Quoi qu’il en soit et quelle que soit la dose de fierté qui entre en ligne de compte, les responsabilités ont été prises et les actes doivent maintenant suivre. Sans doute, on ne comprendra pas sa décision. Elle n'est pas sûre de bien se comprendre elle même, comment le demander des autres. Elle n'a plus qu'une seule certitude : Il lui faut partir, et vite. Peu importe pour où. Peu importe l'image qu'elle donne ou la "victoire" qu'elle accorde...

Ordre est donné donc à Hubert et Rosalie de se préparer, le grand ménage doit se faire, et vite. Maillezais va fermer. La Dame part.

Quelques courriers envoyés, peu, uniquement aux plus importants, par les hiboux nocturnes qui remplacent désormais les pigeons de la journée.

Quelques petites heures d’un repos pas du tout réparateur et un passage par les casernes, le Château du Comte pour y déposer sa démission sur son bureau.... Et la voilà de retour chez elle.

Il a été convenu qu’Hubert, le vieux gardien, resterait à veiller sur le domaine. Ce n’est pas tant que les visites soient nombreuses, ni qu’elle craigne un pillage, mais l’homme est trop vieux pour prendre la route. Surtout lorsqu’on ne sait pas où elle mène.

Rosaliiie ! C’est bientôt prêt j’espère ! Nous partons ! Ce soir !

Oui, oui, elle hurle depuis la grille. Et alors, elle est chez elle non ?

L’œil des mauvais jours, pas qu’un peu qu’elle l’a reconnu. Bon, vrai que c’est pas dans son caractère d’obéir sans rien dire. Pas de sa faute, elle est comme ça, faut qu’elle la ramène.

Mais là. Allez savoir pourquoi, elle se dit qu’il ne faut pas trop, trop tenter le diable.
Les réflexions, elle les a la choucroutée, mais pour une fois, elle les fera en confidences au vieil Hubert. L’avantage avec lui, c’est qu’étant à moitié sourd, elle peut se défouler autant qu’elle le veut.

Inutile de dire qu’elle ne se prive pas la fausse blonde décolorée.

Plus vite que le ménage à faire ou les malles à préparer, les commentaires y étaient allés bon train toute la matinée.

Fermer Maillezais ! Vla aut’ chose ! Et puis après, ça s’ra quoi hein ?! La suivre sur les routes peut être ?!

Ah ben.... Oui, c’était ça la suite « logique ». La Dame a bien pris le temps de lui dire avant de partir comme une furie aux premières lueurs de l’aube.

Elle en était comme deux ronds d’flan la Rosalie, le menton posé sur ses mains, qui elles, étaient sur le balai qu’elle était encore en train de faire semblant de passer sur le perron....

C’est de ce poste stratégique, qu’elle n’a presque pas quitté au final, qu’elle voit le va et vient incessant des piafs en direction du pigeonnier toute la matinée....

Pour sur, ça va l’occuper un peu l’temps d’lire tout ça !

Hé l’Hubert ? T’crois qu’dans l’lot y aura d’quoi lui faire changer d’avis ?

Etrange, nous, nous le savons, la choucroutée n'a pas décoincée du porche. Le nez en l'air à zieuter les arrivages de piafs, et pourtant, quand la brune l'appelle, avec tant de douceur dans la voix... Rien, disparue, envolée la blondasse. Même pas l'écho d'un ronchonnement dont elle a le secret.

Si vous pensez que ça aide à l’humeur.... Faut grandir, parce que le joli conte, avec prince et princesse, ce n’est pas pour aujourd’hui.

Sur le perron, devant la porte, un pauvre balai abandonné –Baillant serait-il passé par là lui faire un cadeau de départ à sa manière ?- apporte un sourire bref sur ses lèvres. Et oui, dans une journée merdique, on se contente de peu de chose.

Décidée à passer ses nerfs, elle entre, prête à fustiger la flémarde si elle la trouve. Faute de quoi, et ce n’est pas plus mal, elle voit une pile de lettre sur le guéridon.

Aucun risque que l’ignare ne reçoive du courrier et pas mieux pour le vieux. Et puis, la seule ici à savoir lire, c’est elle. Elle les prend donc toutes, passe par la cuisine prendre une bouteille de cerise et va s’enfermer dans son bureau pour les lire.

Toutes, les unes après les autres, sont touchantes. Serrent un peu plus sa gorge à chaque mot. Atteignent son cœur, indiscutablement.

Elle répondra, à chacun. Elle se le promet. Mais pas maintenant. Pas d’ici. Pas comme ça.

Alors elle les range, toutes, sans en oublier une derrière elle, dans la besace qu’elle peut à nouveau porter maintenant que la robe de ‘grande dame’ est rangée dans la malle.

La seule, celle qui, peut être, aurait pu lui faire retarder son départ, justement celle là.... n’est pas arrivée.

Alors allez essayer de savoir pourquoi elle pleure, seule dans son bureau, c’est impossible. Parce que certains sont trop gentils, ou parce qu'un autre....