Quand l'invasion se confirme...

Elle avait pris son temps l’occitane, mais les récents événements et surtout la cause de son périple ne lui avaient laissée guère de loisir pour l’écriture ; pourtant, comment aurait-elle pu ignorer telle nouvelle ! Le mariage d’une amie…aussi discrète et éloignée soit-elle, ne laissait pas indifférent. Installée confortablement, d’autant qu’elle avait mis sa sœur dans la confidence, et la brune d’harceler les domestiques pour tout et rien…quiconque la connaissant peut comprendre l’amalgame, Cyr’ n’étant pas des plus tendres ni des plus patientes. Vélin, plume et encre :

Citation :

A toi mon amie, Mia

Paix et prospérité, mais j’ai cru comprendre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir ta missive, mais quel ne fut pas mon bonheur… Où, quand, comment as-tu su me trouver ?...Nulle chance que tes informations viennent d’Ally, elle m’en aurait parlé alors qui ?

Ce n’est bien évidemment pas l’objet de mon courrier. Je voulais dans un premier temps, te féliciter et surtout t’envoyer tous mes vœux de bonheur. Malheureusement, je me trouve actuellement en Poitou ; la peine est d’autant pour ma sœur qui vient de perdre son conjoint et tu comprendras qu’elle ait ma priorité.

Ceci étant dit, je ne pourrais certes pas assister à la cérémonie, à mon plus grand regret, mais sans doute pourrais-je rallier ton duché assez vite pour le banquet ; du moins, est-ce mon souhait et je projette déjà mon départ pour l’Orléans…Pourvu que l’officiant s’active à libérer l’âme du tendre ami d’Ally.

En revanche, c’est non sans honte que je te pose le problème mais…je ne voyage pas seule, accompagnée des mes filles, leur nourrice et une amie ; pour peu, l’ami de mon amie nous suivra aussi, pourrais-tu t’enquérir d’une auberge, d’un logement quelconque ? Nul besoin pour nous adultes mais j’avoue que mes prunelles méritent un doux nid…peu épargnées ces dernières semaines, leur jeunesse permet de gérer la fatigue mais leur santé ne saurait souffrir du moindre mal.

Je termine ma missive sur ses mots peu glorieux…mais je ne doute point que tu comprendras. Comme le plaisir est grand de te savoir heureuse et saine ; je joins mes prières au Très Haut lors de l’office et bien qu’absente, saches que mes pensées t’accompagneront pour cet événement.

Amitiés profondes,

Cyrianna

Et de nouveau elle devient tyrannique…Mander un responsable, lui confier le parchemin, qu’il l’envoie au plus vite ; c’était pour hier !

[Plus tard]

Retour au calme, si tant est que ce soit possible avec trois enfants…hum, plutôt trois diablotins dont la pauvre Noémie ne venait que difficilement à bout…Assise dans le bureau de sa sœur, qu’elle avait prit d’assaut depuis son arrivée, Cyr’ pensait aux dernières nouvelles, peu glorieuses, d’où qu’elles viennent.

L’église avait déserté La Trémouille depuis longtemps, semblait-il et l’archevêché ne semblait se soucier d’envoyer quelqu’un ; les funérailles de Clo’ n’avaient déjà que trop tardés et la jeune femme réfléchissait à trouver solution. Le dépit d’Ally, ajouté à son chagrin, faisait peine à voir et l’arlésienne ne comptait pas en rester là, aussi griffonnait-elle une ébauche de courrier quand on frappa à la porte :

Dintratz ! Siffla-t-elle entre ses dents, laissant l’agacement d’être dérangée poindre dans sa voix. La vieille nourrice pénétra dans la pièce et lui tendit une missive avant de s’effacer rapidement.

Mercé Noémie s’adoucit-elle, et de lui sourire, gênée de laisser les hormones prendre le dessus. Laissant ses écrits en suspens, elle se plongea dans la lecture :

Perceneige a écrit:

Bonsoir Cyrianna,

Je viens te souhaiter une très bonne année, bonheur et santé pour toi et tes proches!

J'espère que tu vas bien!
Je me suis très bien intégrée à Valence! Grâce à mes économies, et ayant réussi à vendre mon champ à Carcassonne, j'ai acheté ici deux champs et une échoppe de charpentier.
J'ai troqué mon échelle contre une barque, c'est différent mais intéressant aussi! Nous avons commencé les travaux du port, c'est un lourd travail!

Je progresse tranquillement, dans quelque temps je pourrai devenir érudit, encore quelques écus à amasser... (...)*

Comment cela se passe-t-il à Carcassonne? Un jour je m'organiserai un petit voyage et je reviendrai vous voir!

A bientôt j'espère!
Amitiés,
Neige.

La jeune femme retrouva momentanément le sourire ; la jeune Neige semblait heureuse dans sa nouvelle vie et c’était là une nouvelle qui la réjouissait. Tout n’était pas si noir dans ce monde et les précieux volatiles lui étaient plutôt bénéfiques jusqu’ici.

(...)* courte partie hrp qu'il n'est pas nécessaire de retranscrire pour la compréhension

[Même jour, un peu plus tard]

Une tisane, grimace comme de coutume…Seigneur que ce breuvage est infecte, ici tout autant qu’en taverne d’ailleurs. Finalement les plantes sans gouts baignées dans l’eau bouillante ne lui convenaient guère ; mais que faire ? Etait-ce une nouvelle épreuve du Très Haut ?

Long soupire…elle en avait soupé des embûches en tout genre et sans doute sa patience atteignait-elle ses limites, mais la jeune femme n’en pouvait plus supporter davantage.

Perle salée qui coule sur sa joue…La main qui l’efface machinalement, elle n’existe plus, elle n’a jamais existé et ses semblables de ne pas passer les cils.

De nouveau l’esprit qui s’évade ; était-elle si mauvaise qu’on ne lui épargne rien…non, point de jérémiade Cyr’, des courriers à écrire, reprends-toi !

L’attention se reporte sur le courrier initial mais les mots ne viennent pas, plutôt répondre à la petite Neige, plus agréable…

Citation :

Bonser Neige,

Tes vœux me comblent de joie et je te les retourne avec autant de plaisir.

Pour répondre à tes questions, ma famille et moi-même allons pour le mieux ; nous avons quitté Carcassonne pour nous installer en Provence mais sans doute le destin nous mènera encore ailleurs.

Je suis ravie d’apprendre que tu t’épanouis dans ta nouvelle vie et que le Dauphiné te convient davantage que le Languedoc…je dois dire que tu n’as rien perdu, le comté se meurt et frise la guerre civile à l’heure où je couche ses mots.

Concernant ton éventuel voyage, saches que ça sera toujours un plaisir pour moi de te recevoir, et je ne manquerais pas de t’informer de notre destination finale…ce que je suis incapable de faire pour le moment^^.

Prends bien soin de toi chère enfant et salues bien ta mère pour moi,

Avec ma profonde amitié,

Cyrianna

Et de laisser l'impatience parler...ou plutôt hurler pour mander un ramier et envoyer la missive.

Retour dans le passé…

Cruiiiiiickkk, rembobinage – qui a dit « ère glaciaire » ? Namého !!! Je sais que les magnétoscopes sont d’un autre âge, mais ça m’amusait. Petit cour d’histoire pour les plus jeunes, avant le DVD, blue ray et que sais-je encore, les momies (moi en l’occurrence) visionnaient les films sur des cassettes VHS (heu, faut pas déconner hein, je n’ai pas connu l’ancêtre de la vhs !!) et…bon, pas vraiment le sujet qui nous intéresse, fin de la parenthèse -, reprise le jour où Cyr’ se trouve dans le bureau d’Ally, soit la veille.


[Toujours dans le bureau, encore plus tard]

Après s’être époumonée, après avoir confiée la lettre pour Neige, après s’être postée à la fenêtre et s’assurer de son départ…bref, après avoir fait montre d’un caractère proche du despotisme dont la honte l’envahirait sous peu - évidemment !! pas une tortionnaire la pauvre, elle est juste un peu enceinte, juste un peu fatiguée, juste un peu agacée ; entre autres bien sur^^ - elle retourna s’assoir et reporta son attention sur l’amorce de courrier qu’elle destinait à l’église.

Eclair de génie…tout est relatif, mais nulle autre idée…peut-être l’ultime solution et de coucher les mots :

Citation :

De Nous, Cyrianna de Tourville dict. Cyrianna2002, Humble fidèle, théologienne et étudiante en voie de l’église, qui fûmes Diaconesse de Notre Sainte Mère l’Eglise Aristotélicienne Romaine,

A vous, Monseigneur Verty de Montfort-Toxandrie, Archevêque métropolitain de Bourges,

Paix et prospérité.

Nous sommes actuellement en Poitou, dans la bonne ville de La Trémouille, afin d’accompagner notre sœur Allydou de Lisaran, Dame de Maillezais dans le deuil. Son conjoint et père de son enfant, Clovis d’Erlequines dict. Clovis1, a rendu son dernier souffle et n’attend qu’un service funèbre pour rejoindre le Très Haut.

Vous n’êtes pas sans savoir que La Trémouille ne dispose ni de curé, ni de diacre ; Notre Sainte Eglise étant douloureusement absente de ladite ville, nous espérons qu’Elle n’abandonne pas pour autant ses fidèles. Nous pensions que Monseigneur de Béarn officierait les funérailles mais sans doute ses fonctions l’ont-elles appelé ailleurs puisqu’il est reparti.

Si nous nous sommes permis de vous écrire, c’est que nous sollicitons auprès de vous autorisation d’officier à la messe funéraire, en lieu et place d’un hypothétique responsable de la paroisse. L’attente ne fut que trop longue et par respect pour le défunt, nous croyons en votre bienveillant discernement.

Qu’Aristote nous guide et nous conseille,

Salutations aristotéliciennes

Cyrianna de Tourville

Fait en la Seigneurie de Maillezais, le dix septième jour du mois de Janvier mil quatre cent cinquante huit.

Pfff, pas coutumière d’un ton si conventionnel ; pensant à la réaction que la missive pourrait provoquer, elle rit doucement…de ces rires nerveux qui vous secouent dans les pires moments.

Le temps de retrouver son calme ou de reprendre constance – allez savoir ! – et elle quitte la pièce afin de confier le précieux vélin au messager – ben oui, on se la pète un peu hein !! Pourquoi toujours des piafs ? Namého…il ne faudrait pas oublier que la frangine est noble, donc un « coursier » à son service et, par conséquent, à celui de Cyr’ le temps du séjour… D’autant qu’aux vues de l’humeur massacrante de la donzelle ; moui, je vous passe les détails scabreux – qui sitôt, prend la route de l’archevêché.

[Nouveau jour]

L’occitane, dont la nervosité n’était plus à prouver, s’isolait au maximum afin d’éviter quelconques conflits. Deux soirs passés, elle s’était risquée en taverne pour rejoindre sa sœur et, horrifiée, assista à une scène qu’elle n’oublierait pas de sitôt.
Deux femmes, étrangères au Poitou, s’étaient livrées, aux yeux de tous, à une étreinte suivie d’un baiser qui n’avaient rien d’amicaux ; Elle avait frisé l’hystérie devant telle débauche, lubriques et immorales étaient les femelles, créatures du Sans Nom.- Comment ça j’en fais trop ? Bon, c’est vrai…mais depuis quand la tolérance était coutume au Moyen-âge ?^^- Sans la patience d’Ally pour la calmer, Cyr’ aurait sans doute allumé elle-même le bûcher…

La belle, que les hormones dirigeaient davantage qu’elle ne les contrôlait, évitait donc les sorties inutiles et tournait, tel un lion en cage dans le domaine. Levée avant l’aube, elle s’était naturellement dirigée dans le bureau ; seule pièce, hormis sa chambre, où elle trouvait un semblant de sérénité. Debout, près de la fenêtre, tout juste éclairée à la lueur d’une bougie, elle observait l’horizon quand, dans la pénombre, elle aperçu une silhouette…un court instant plus tard, la jeune femme s’asseyait et lisait la missive rapportée par le messager de retour :

verty a écrit:

Nous,
Monseigneur Verty de Montfort-Toxandrie, Baronez Breal-Monforzh, Archevêque métropolitain de Bourges,
Représentant l'autorité du pape et de l'Eglise Aristotélicienne de Rome,

Donnons autorisation de célébré les funérailles de Clovis d’Erlequines dict. Clovis1 à Cyrianna de Tourville dict. Cyrianna2002, la nommant à titre exceptionnelle diaconesse pour la durée des obsèques.

A juste fin de reconnaissance officielle de la présente, y appose mon sceau et signe de ma main.

Que cela soit dit ! Que cela soit su ! Que ceci soit adopté et respecté à partir de ce jour !

Fait à Bourges le 21 janvier 1458.
Monseigneur, Verty de Montfort –Toxandrie
Archevêque Métropolitain de Bourges.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Sans plus attendre, Cyrianna quitta la demeure et rejoignit l’église trémouilloise ; elle y placarda les deux vélins afin que tous les voient et ne puissent y redire.